29 mai 2025. La météo qui se révélait jusqu’alors un peu capricieuse est de bonne humeur. Il fait beau, mais pas trop chaud. En ville règne une atmosphère assez calme, digne des jours fériés. J’ai quand même rendez-vous dans le centre-ville d’Étampes cet après-midi. Crows Arena, une boutique spécialisée en TCG, fête son premier anniversaire. Un an est passé, et je ne suis pas sûre de l’avoir vu.
Sur le chemin, pas grand monde. C’est un peu comme un dimanche : les voitures sont garées et leurs propriétaires à l’arrêt. En tous cas je le leur souhaite. Après un dernier tournant, je devine un peu plus loin la boutique. Pour fêter sa première année, Crows Arena s’est étendue sur la rue. Des barnums entourent la porte de la boutique et s’étendent jusqu’à la librairie voisine, Les Échappées, qui participe à l’événement. Les nouveaux commerces ne sont pas si nombreux, alors elles soutiennent d’autant plus l’évènement.
Tel un saumon un peu maladroit, j’ai remonté les stands en commençant par la fin. J’ai jeté un œil aux mangas – en me répétant qu’aucun ne devait rentrer avec moi – avant de découvrir Crazy 3D, un business familial qui propose des éléments de décorations, des accessoires de jeu ou encore des marque-pages imprimés en 3D. A côté d’eux trônaient les premiers classeurs de cartes vendues à l’unité.
Jules, habitué des lieux, proposait des pages et des pages de cartes Magic, ainsi que quelques decks*. Les yeux passaient ensuite sur des classeurs Pokémon, sous les regards aguerris de Thibault et de Frantz, le patron de la boutique. Des items de différents TCG occupaient le dernier coin disponible. Sur la droite, un espace était dédié aux jeux de société et proposait des initiations encadrées par Gaëtan.
Dans la boutique, les tables sont occupées par des joueurs Magic, Lorcana et Pokémon – on en retrouvera même dehors ! Derrière le comptoir, Tiffany assure notamment la vente des tickets de loterie et des pochettes surprises Pokémon et Lorcana. Une espèce de loyauté à mon premier TCG m’a fait pencher pour les secondes. À l’intérieur : un booster du chapitre 8, une carte promotionnelle et un item aléatoire. C’est comme ça qu’un petit Stitch s’est invité dans mon sac. Tintin a bien Milou après tout…
Un lieu de vie
C’est ainsi que démarre la deuxième phase de mon après-midi. Enregistreur en main, je me suis baladée pour parler avec les gens qui étaient présents. Mes batteries sociales étant ce qu’elles sont – limitées – je n’ai pas fait un tour complet de la foule. Mais j’ai quand même pu rassembler des histoires sympas. Parmi elles, celle de Laure et Nicolas.
J’ai vite compris que chez eux, les jeux sont une histoire de famille. “Nous sommes de gros amateurs de jeux de société et notre fils est aussi un très grand joueur”, indique Laure. “Nous lui avons parlé de Magic, et nous sommes venus ici pour lui acheter des cartes.” Ils commencent par des decks de démarrage standards avant de passer à des deck commanders. “J’ai appris à jouer à notre fils et… Je n’ai plus jamais gagné depuis !” s’amuse Nicolas. La transmission assurée, leur fils participe régulièrement aux événements Magic qu’organise Crows Arena. Une petite pensée pour mon propre deck qui prend un peu la poussière…
Mon petit tour m’apprend aussi qu’on découvre la boutique plus ou moins par hasard, avant ou après son ouverture. En se baladant en famille, en passant avec le chien ou parce qu’on a des voisins et des copains bien informés. Et mine de rien, Crows Arena dépanne bien. On va moins loin pour trouver ses cartes et pour rencontrer d’autres joueurs. “Ça m’a fait du bien de découvrir un magasin de jeux et tous ces gens qui sont dans mon univers”, raconte Bastien. “Avant, je collectionnais les cartes Pokémon et il fallait aller jusqu’à Brétigny pour en avoir. C’est agréable, on voit aujourd’hui qu’il y a beaucoup de monde et ça fait du bien à Etampes.”
A titre personnel, j’ai une amitié particulière pour la boutique. Elle m’a permis de m’intégrer bien plus vite dans le paysage. Pour Cynthia, c’est une safe place. “On y est toujours bien accueilli et l’équipe est de bonne humeur. Quand il y a des soucis ou qu’on s’ennuie, on sait qu’on peut venir ici.” Près d’elle, Camille m’explique qu’elles s’y sont fait un groupe d’amis qui s’y réunit pour jouer. Un peu plus loin, Marie me raconte dans un sourire qu’elle a découvert l’ouverture de la boutique au hasard, en passant devant la vitrine avec son copain. “Nous avons attendu l’ouverture et ne sommes plus jamais repartis ! Moi qui était une ermite, j’ai eu un petit coin pour retrouver les autres personnes avec lesquelles je m’entends.” On me parle aussi d’un lieu chaleureux et convivial, de la bonne humeur et de la joie de vivre de l’équipe, des événements qu’ils organisent et de tout le travail qu’ils abattent.
Marquer les esprits
Justement. Pour marquer le coup durablement, l’équipe de Crows Arena s’est associée à l’illustratrice Adélaïde Devos et à Karedas TCG pour proposer trois cartes Pokémon à l’effigie des figures centrales de la boutique. Ils y sont chacun représentés avec leur Pokémon de cœur : Boethia avec Persian, Lelia avec Poussa et Brainuts avec Carchacroc. Si elles n’étaient pas disponibles à la vente, six des neufs exemplaires imprimés ont été remportés dans l’après-midi par certains participants.
Un premier trio de cartes a ainsi été dispatché dans des pochettes surprises Pokémon, donnant une chance aux visiteurs de remporter l’une des trois. Un deuxième a été gagné à la loterie. Dans l’après-midi, il y a eu des échanges entre les mains chanceuses qui ont trouvé les cartes dans les pochettes et un petit quelque chose d’émouvant lorsque Frantz a tendu les cartes remportées à la loterie. Quant au troisième set, chaque carte a intégré la collection de la personnes qu’elle représente.
Sur le chemin du retour, j’ai laissé mon esprit se balader. Si j’avais été une dresseuse, j’aurais plutôt eu un Toutombe ou un Psykokwak ? Soyons honnêtes, j’aurais surtout une spécialisation en Pokémon chats… Plus sérieusement, la présence constante de visiteurs durant l’après-midi est bien la preuve que la boutique avait un public qui l’attendait – et qu’il y a de la vie à Étampes, malgré son image de ville-dortoir. Le lendemain de l’événement, je suis passée voir Frantz pour faire un bilan : le niveau de fréquentation avait dépassé leurs prévisions, et l’après-midi s’est étendu jusqu’aux alentours de 20 heures (j’admets avoir capitulé un peu avant !).
“Je suis très content, il y a eu beaucoup de monde. Le fait que toutes les communautés, celles de Pokémon, de Yu Gi Oh, de Lorcana et de Magic, se soient rassemblées, était très sympa”, explique-t-il. “Le but était d’envoyer un message fort à la mairie, pour leur dire qu’on est là, qu’on existe et qu’il y a des gens qui viennent ici et qu’il faut nous prendre au sérieux.” Parce qu’après tout, une ville tient aussi un peu de ce que l’on est et de ce que l’on y fait.
Aleksandra
*un deck est un ensemble de cartes, pré-construit ou monté par vos soins, avec lequel vous pourrez jouer au TCG (Trading Card Games, ou jeu de cartes à jouer et à collectionner). de votre choix.


