Diag Race : le soin par l’imaginaire

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Lectures

Diag Race, c’est le nom du zine créé par Florence Rivières et Coline Sentenac, respectivement à l’écriture et à la photographie. Il est publié chez Le Maquis. Trois nouvelles explorent le rapport entre médecine, physique ou psychologique, et patientèle.


Florence Rivières est autrice, scénariste et écrivain pour le jeu vidéo. Les plus anciens se rappelleront peut-être de différentes apparitions depuis les débuts d’Ilmi’ Mag. Coline Sentenac est quant à iel photographe et écologue. On lui doit la série de photos qui illustre le zine, réalisée pour la sortie du livre L’art de la pose : Osez le narcissisme, publié par Florence en 2017. Je me souviens du moment où j’ai aperçu ces images, et du sentiment ambivalent qu’elles avaient provoqué, beauté et souffrance venant s’entrechoquer dans mon esprit.

Diag race rassemble trois nouvelles : Les Verrous déliés, Half-Human et Les Sauteuses. Florence Rivières propose également des interludes en forme de poésie ou de prose. La première nouvelle, par son atmosphère flottante, m’a fait l’effet d’un cauchemar- de ceux où la réalité serait suffisamment désaxée pour faire douter de la véracité de ce que l’on y vit. « Elle va se réveiller, c’est pas possible… » Je vous le donne en mille, l’héroïne ne se réveille pas. Anna est bien patiente au sein d’un hôpital psychiatrique. Peu avant sa sortie, les verrous des chambres se desserrent et le personnel semble avoir disparu. Seuls restent les patients, dans l’incompréhension. Ils vont s’organiser pour arriver à sortir. Se réapproprier, ou non, leur vie, leur corps et leur esprit maintenant qu’ils paraissent être les seuls juges de leur état.

Usure thérapeutique

La tension monte d’un cran avec Half-Human, nouvelle dans laquelle le personnage central s’accroche difficilement à sa perspective de sortie, comme à une corde grignotée sans cesse par les équipes qui l’entoure. Le sentiment de tension est renforcé par la mise en page qui affiche des numéros suivant un ordre a priori incohérent, reflet du parcours de l’héroïne, dont on ressent l’épuisement.

Les Sauteuses, dernière des trois nouvelles, a quelque chose de science-fictionnel et de dépaysant. Elle met en scène deux sœurs, Zanele et Tegan, Cette dernière souffre de maux contre lesquels la première cherche un remède, en les faisant voyager de terres en terres. La fin, très chargée émotionnellement, m’a quand même demandé plusieurs lectures afin de mettre les pièces dans le bon ordre.

J’ai trouvé dans ces pages un style et des atmosphères qui sont venus me bousculer, à l’image de ces photos qui avaient mis le doigt sur une douleur, avec beaucoup d’élégance.

Aleks Duncan

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Publié par

Créatrice et rédactrice sur Ilmi' Mag. Passionnée de musiques un peu bruyantes, dame à chat et MacGyver en formation éternelle.

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