Cet été, j’ai eu l’occasion de rencontrer une jeune femme dont j’ai croisé auparavant les photos à plusieurs reprises. Je veux bien-sûr parler du SLM Show, derrière lequel se trouve Sarah-Lou Marty. Photographe rétro et illustratrice talentueuse, c’est à l’occasion d’une demande de publication que j’ai commencé à lui parler. Comment j’en suis arrivée à lui proposer l’interview, je ne sais plus. Nous dirons qu’il faut savoir saisir les occasions quand elles se présentent ! On a donc fini par se retrouver dans Paris, les bras chargés de books et de micros.
De cette rencontre je garde l’image d’une personne vraie et passionnée par ses photos, ses illustrations mais aussi et surtout par l’univers rétro et par le burlesque, dont elle met les performeuses si bien en valeur. Mais je vais vous laisser lire et faire connaissance avec la demoiselle par vous-même… Alors, mesdames et messieurs, découvrez ou redécouvrez Mademoiselle Sarah-Lou Marty, aka Le SLM Show !

Sirode Iagah par Sarah-Lou Marty. © Le SLM Show
Après t’avoir découverte sur Internet, j’ai réussi à te faire passer de l’autre côté de l’écran… C’est donc le moment où je pose la question fatale : derrière le SLM Show il y a qui, il y a quoi et tu y fais quoi ?
Derrière le SLM Show il y a tout simplement moi, Sarah-Lou Marty, et non plusieurs personnes. Je suis photographe et illustratrice. Mon pseudo utilise mes initiales et j’ai souhaité y ajouter le mot « show » parce que je vois mes photos, sans prétentions, comme un spectacle et une performance visuelle.
Je suis plus spécialisée dans les photos « rétros » et les illustrations « persos » au sens où je pars d’un modèle physique et réel. Et, à ce propos, je tiens à préciser que je ne dessine pas selon l’inspiration, je pars uniquement de photos. En ce qui concerne les photographies, elles peuvent être rétros ou technicolor.
Comment commence l’histoire du SLM Show ?
Ça a commencé il y a cinq ans je dirais, quand j’étais en terminale littéraire-arts plastiques et que j’ai commencé à m’intéresser un peu au burlesque. J’ai choisi de travailler sur le corps, plutôt celui des femmes rondes comme celles de Botero, Rubens ou Renoir, et sur la danse car en même temps j’aimais aussi beaucoup les peintures de Degas. J’ai donc eu envie de travailler sur le corps et la danse et je suis tombée sur le film de Mathieu Amalric, Tournée, qui a été véritable un coup de cœur pour moi.
J’ai commencé à travailler sur des projets et depuis je n’ai pas arrêté : tous mes projets universitaires sont en rapport avec le burlesque, que ce soit dans la gravure, dans la sculpture ou même dans le latex. Pas de SM, j’ai juste fait des soutiens-gorge en latex ayant pour inspiration le burlesque, toujours ! Autrement, ça fait deux ans que je m’intéresse aux spectacles parisiens, mes idoles étant au départ les danseuses américaines comme Dirty Martini, Kitten and the Keys, Mimi le Meaux.
A ce moment-là j’avais moi aussi envie d’apporter ma touche sans faire comme tous les photographes, c’est-à-dire faire de belles photos en couleurs ; je n’allais rien apporter de cette façon selon moi. Donc j’ai cherché. Ça a pris le temps de mûrir. Depuis que je suis petite j’adore tout ce qui est rétro, vintage, les vieilles photos, Betty Page… Ça a commencé par un stage chez une photographe où j’ai rencontré Louise de Ville. Elle a regardé mon book.
A l’époque je ne faisais que des illustrations vectorielles. Elle a aimé mes illustrations et j’ai commencé avec le logo de la Pretty Propaganda. Après, mes photos plaisaient aussi alors j’ai eu envie de me lancer aussi dans la photographie.

Dirty Duchess par Sarah-Lou Marty. © Le SLM Show
Les deux branches de ton projet mettent en valeur un univers très rétro et burlesque : qu’est-ce qui t’attire particulièrement dans ces cultures ?
Comme je disais pour le rétro, ça vient d’une passion de toujours. Cette culture m’attire tout particulièrement car j’aime que la femme soit sublimée, je m’y attache tout particulièrement moi-même. Mais ce que j’aime d’autant plus dans le burlesque ce sont les femmes qui s’assument, qui ont des formes généreuses… C’est la célébration de la féminité. Tout le show, des costumes à la préparation, ça vend du rêve !
Elles sont mises en valeur mais d’un autre côté elles sont aussi décomplexées. Dans les shows burlesques il y a des jeux de scènes, ça peut être comique ou tragique… Je les trouve toujours belles ! Et surtout j’aime leur créativité et les univers qu’elles nous proposent de découvrir, de partager et même d’y prendre part, pourquoi pas ?!
Je n’y ai pas pensé avant mais… Tu n’as jamais eu envie de faire du burlesque ?
On me pose souvent cette question. Je ne veux pas faire de burlesque pour l’instant parce que j’estime que je ne suis pas encore assez mûre pour ça, tout est une question de feeling et surtout d’inspiration! Donc non… Pour l’instant ce n’est pas une envie et je fonctionne selon mes envies. Donc plus tard pourquoi pas ! Je ne me ferme aucune porte !
On va s’intéresser à tes illustrations. En termes de matériel, avec quoi tu travailles ?
Il y a d’abord les photos. Condition sine qua non pour moi ! L’un ne va pas sans l’autre dans mon travail. J’utilise ensuite Illustrator et Photoshop. J’ai un traitement particulier qui est le vectoriel : je prends une photo et je dessine dessus. Je mélange aussi les textures.

Illustration pour la Pretty Propaganda de Sarah-Lou Marty. © Le SLM Show
Est-ce que tu as un processus de création particulier ?
Je dirais que oui puisqu’en amont je réfléchis à mon modèle, à la pose, à la tenue, aux couleurs, à leur traitement et aussi au papier. J’aime bien travailler avec un cadre, que ce soit pour la photo ou l’illustration : soit ce sont des couleurs et des formes, comme un spot projeté, soit c’est un papier photo avec une texture. Après, ce sera selon ce que je veux développer.
Est-ce que tes illustrations ont servi à la promotion d’événements ?
Oui, le logo de la Pretty Propaganda m’a lancé. Grâce à ça on m’a découverte, ça a été plus facile après pour démarcher des modèles et continuer les illustrations. Ça m’a donné la possibilité de faire une illustration pour un flyer du Cabaret Uchronique et d’avoir une cliente qui m’a contacté sur Facebook pour réaliser son logo pour de futurs flyers… Pour travailler sur son image de marque quoi ! Autrement, j’ai d’autres propositions de création d’identité visuelle, je suis donc contente car cela veut dire que mon travail artistique plait.
Je n’ai pas posé la question avant mais… Est-ce que tu as fait des études d’art au-delà de ton fameux bac ?
Après le bac je me suis dirigé vers une licence d’arts plastiques que j’ai eue. Mais je ne souhaite pas m’arrêter là-dessus donc pour plus de sécurité, je m’oriente maintenant vers un master « arts contemporains et nouveaux médias ».
On va maintenant se pencher sur tes photos, et je vais reposer la même question parce que je suis une fille très originale [rire] : avec quel type de matériel tu travailles ?
J’utilise un reflex Nikon avec un objectif de base (18/55). Pour l’instant je ne peux pas acheter tout le matériel qui va avec mais ce n’est pas très grave : je prends des photos que je retravaille au maximum donc le travail derrière compte plus que l’appareil photo en lui-même.
Justement ! Comment on arrive, d’une photo prise « maintenant », à une photo « d’époque » ?

Clo Sénia par Sarah-Lou Marty. © Le SLM Show
Ah, je suis contente, ça veut dire que j’ai réussi ! On va plutôt parler des shootings pour expliquer ça. Pour arriver à mes photos je choisis le modèle et les mises en scènes, ce que je préfère. Après, pour arriver aux photos d’époques, c’est un travail sur Photoshop. J’ai plusieurs styles : le technicolor, la photo rétro, rétro-technicolor. J’ai aussi des touches personnelles.
Par exemple j’aime colorer les lèvres.Par contre je ne fais pas de photos sépia. Je considère que je fais des photos qui vont au-delà du sépia : elles sont retravaillées, il y a des textures… Tout un travail en bref ! Je marche aussi beaucoup à l’inspiration et au coup de cœur, c’est pour ça que j’ai des modèles fétiches et que je pense la photo avant le shooting : qui, quel lieu, avec ou sans mise en scène… C’est une des raisons pour lesquelles je préfère les shootings aux photos de scènes. Les photos de scènes me mettent devant le fait accompli alors que pendant un shooting je peux me lâcher et créer. Ce que j’aime c’est créer.
Comment choisis-tu tes modèles ?
Il y a deux options. Au départ j’allais aux spectacles les voir. Il faut que mon modèle dégage quelque chose sur scène et que je puisse me projeter avec elle. Mais c’est aussi une question de physique… C’est comme ça. Cela dit, souvenir de mes influences d’auparavant, les filles trop minces ne m’inspirent pas. Autrement je contacte mes futures et potentielles modèles via Facebook ou elles me contactent directement.
Et je vois à ce moment-là si j’ai envie ou non de travailler avec cette personne. J’estime de plus en plus pouvoir avoir la prétention de refuser une collaboration. Je m’améliore de jour en jour mais j’affine également mes projets, il faut donc se recentrer et surtout se projeter dans une collaboration. Et il faut savoir dire non quand on ne le sent pas mais toujours avec gentillesse.

Cordélia Choc’Ohla & Olga de la Volga par Sarah-Lou Marty. © Le SLM Show
Sur quels spectacles as-tu travaillé ?
J’ai commencé avec la Pretty, j’ai fait la Beauties of Burlesque, la Glitter Fever, les Kisses Cause Trouble à la Cantada, le Cabaret Burlesque sur une péniche (le meilleur endroit pour travailler !). Je suis ouverte à toutes propositions photographiques, soit on me demande de venir prendre des photos ou je me propose spontanément. Après il y a aussi des lieux où j’ai arrêté de faire des photos. J’aime me renouveler et trouver de nouveaux lieux.
Mais pour mes photos, les spectacles burlesques sont le mieux… J’aimerais bien commencer à faire les enterrements de vie de jeune fille et y amener mon style de photos. C’est ce que je fais avec les sessions photos burlesques. On est une équipe de professionnels faite d’un coiffeur, Anthony, d’une maquilleuse, Coraly, d’une styliste, Lily et de moi. L’idée de base était commune à la styliste et à moi : on a eu envie de proposer à des nanas lambdas, qui ne s’effeuillent pas, d’être mises en valeur à la mode burlesque.
Après ça a tout de même un coût, 150 euros. On ne nous dit pas si cher que ça puisqu’il y a le maquillage, la coiffure et la tenue… Des créations uniques de Lily Verda et les somptueux make up de Coraly Corazon. Et puis ce que j’aime c’est l’impression, qu’elles puissent repartir avec leur souvenir. C’est un plus. Ça reste ouvert à n’importe qui.
Parlant de ces sessions photos burlesques, ça a donné quoi ? A refaire ?
Ça s’est très bien passé. C’était la première fois. J’avais l’expérience de mes shootings, depuis maintenant sept mois mais ça reste différent puisque sur les shootings je suis en général avec des professionnels qui ont l’habitude de poser et de perfomer. Ils ont une certaine assurance. Les sessions sont un bon entraînement : j’avais une performeuse professionnelle mais aussi pas mal de nanas qu’il a fallu encourager et guider. C’est très enrichissant de les amener au résultat que j’avais imaginé.
Ton meilleur souvenir, la rencontre qui t’as marquée.. ?

L’Orchidée Sauvage par Sarah-Lou Marty. © Le SLM Show
Une de mes meilleures rencontres je dirais que c’est Sirode, une de mes modèles fétiches, avec laquelle je vais bientôt faire un troisième shooting. C’est un partage, on communique, on travaille ensemble et j’ai vraiment l’impression, encore plus avec le dernier shooting, d’arriver à ce que je veux.
De la même manière, récemment, j’ai fait un shooting avec une modèle qui m’avait contactée. Quand je ne choisis pas moi-même il me faut un temps de réflexion.
J’ai vu ses photos sur Facebook, je ne l’avais jamais vu performer mais j’ai eu un coup de cœur.
Le shooting s’est bien passé et j’étais très contente des photos ! Après j’ai également sympathisé avec plusieurs autres performeuses, mes cocottes chéries, Cordélia Choc’Ohla et Olga de la Volga, Sattyna Tsé tsé, L’Orchidée Sauvage, Lola de Saint Germain, Velvet Hoop’n’Roll, Mamz’Elle Plum’Ti (Lily Verda) et Coraly Corazon, que je porte toutes dans mon cœur. De belles rencontres et de futurs beaux projets en perspective.
On arrive à la minute promotion : si tu as des projets pour demain, pour Noël ou l’année prochaine c’est le moment d’en parler!
Il y a plusieurs shootings de prévus au mois d’août et de septembre, une exposition de quelques photos au mois d’octobre (ndlr : d’octobre à novembre) à la Cantada. Je recherche aussi régulièrement des lieux pour exposer mes photos et de nouveaux(velles) clients(es) pour des shootings privés, pour des logos et des flyers ou pour mes sessions photos burlesques qui reprennent le 21 septembre.
D’autres auront lieu dans l’avenir. Après je suis ouverte à diverses propositions pour des photos de soirées. Je fais aussi des photos-call pour faire découvrir mon univers et le faire partager aux spectateurs. Je suis ouverte à de futures propositions !
Le message est passé ! En attendant, merci de m’avoir accordé un moment (et d’avoir supporté les petits aléas de la journée…) et bonne continuation !
[rire] Merci beaucoup !

Velvet Hoop’n’roll par Sarah-Lou Marty. © Le SLM Show
Liens :
En-tête : L’Orchidée Sauvage par Sarah-Lou Marty. © Le SLM Show
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