Archie & Betty. Riverdale, saison 1.

Les lycéens de série TV

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Séries

Ils sont jeunes, ils sont beaux, ils sentent bon le Biactol…

Quand j’étais gamine, je regardais Dawson. Ne me jugez pas, je ne suis pas la seule à l’avoir fait. De plus, à l’époque, cette série était considérée comme géniale par beaucoup de gens qui n’admettront jamais qu’ils ont passé des après-midis à chanter « ADOWANNAWAY », c’est-à-dire les premières paroles du générique façon yaourt. Je me revois encore regarder ces épisodes avec passion tandis que j’étais persuadée que mes années au lycée seraient en tous points similaires, sauf bien sûr les casiers dans le couloir. On m’avait promis que j’aurai une peau immaculée et que même si j’étais la fille discrète, la nana un peu effacée je me révélerais au travers d’un talent caché genre chant, dessin ou autre. Je m’identifiais à Joey Potter. Côté mâle, on m’avait promis de jeunes éphèbes au vocabulaire riche et capables de prendre du recul afin d’effectuer l’auto-analyse de leurs états d’âme et tourments.  

Vous imaginez la déception.

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Je sais Dawson, la vraie vie est moche.

Cette image de lycéens à la peau immaculée m’est revenue récemment à l’esprit après avoir entendu la réflexion suivante au sujet de la série Riverdale « C’est marrant, ils vivent dans un monde où les moches n’existent pas ». J’ai tout de suite senti le scoop comme dirait l’ami Billy, il y avait quelque chose de pourri au royaume du Danemark.

Revenons-en à nos boutons. J’ai donc mené mon enquête et devant l’ampleur du phénomène, j’ai décidé de prendre mes responsabilités et de vous dévoiler enfin la vérité sur ce sujet d’actualité brûlant : la représentation des lycéens dans les séries télévisées. Même si on retrouve quelques traits communs, il est intéressant de constater que selon l’âge des publics visés, on peut se retrouver avec des représentations très différentes. Pour illustrer mon propos, j’ai choisi trois séries Netflix.

Démonstration.

Affiche pour la saison 1 de la Série Strager Things. © Netflix

Affiche pour la saison 1 de la Série Strager Things. © Netflix

Prenons le meilleur exemple récent de représentation d’ados selon moi, c’est-à-dire Stranger Things, une des pépites de Netflix créée par Matt et Ross Duffer. Cette série met en scène les aventures d’un groupe de jeunes garçons qui découvrent, après la mystérieuse disparition d’un de leurs amis, une fillette au crâne rasé et aux capacités hors du commun.  

Cette série est une petite merveille, le scénario est génial, les acteurs transpirent le talent et je pourrais vous faire un article complet à ce sujet mais aujourd’hui concentrons-nous sur les trois ados : Nancy, grande sœur du héros, Jonathan, grand frère du disparu et Steeve.

Certes, aucun d’entre eux n’aborde de boutons disgracieux et les acteurs ont dépassé l’âge de leur rôle comme c’est souvent le cas quand on filme les ados. En revanche, ils représentent à merveille les frustrations et questionnements qu’on rencontre à cet âge. En effet, les scénaristes ne se sont pas contentés de les présenter comme les « frère/sœur de » et ils possèdent leur propre arc narratif.

Nancy par exemple, semble délaisser sa meilleure amie pour Steeve, le garçon populaire dont elle est amoureuse. Elle s’en mordra les doigts par la suite. Au travers de son personnage, c’est l’ado qui se cherche, qui voudrait être acceptée par les autres, au moins Steeve, mais sans se perdre elle-même, ce que montre la scène où elle s’adresse à Jonathan avec une compassion gênée alors que les autres se moquent de lui. Au fur et à mesure de la série, elle ose de plus en plus être elle-même, ce qui représente à mon sens une évolution vers l’âge adulte par laquelle nous devons tous passer : il s’agit d’accepter qui nous sommes.

Le personnage de Steeve est encore plus fort à ce niveau-là. Jaloux du rapprochement de Nancy et Jonathan, il agit comme le dernier des minables en humiliant publiquement Nancy. Une série de moindre qualité l’aurait cantonné au rôle du connard. Ici, les créateurs ont décidé de lui donner l’occasion d’évoluer de salaud à sympa en montrant un personnage parfois influencé par les mauvaises personnes mais qui finit par se détacher de cette influence.

Comme tous les ados, il fait certaines choses dont il n’est pas fier mais décide de chercher la rédemption. Au regard de la spectaculaire évolution de Steeve, Jonathan peut paraître un peu moins développé notamment dans la deuxième saison : il reste un outsider, un observateur au lycée. Pourtant j’aime bien ce personnage car il semble vraiment se situer à la frontière entre l’adolescence et l’adulte. Quand son frère disparaît, sa mère s’écroule et de grandes responsabilités lui tombent dessus. De plus, on sent à certains moments que son statut d’outsider lui pèse.

Certes, ces ados ont un courage hors du commun : ils partent à la chasse au monstre puis veulent dénoncer un laboratoire secret lié au gouvernement mais au regard du reste de l’histoire, cela ne me choque pas.

1200x630bbJe trouve que la représentation est légèrement plus bancale dans le cas de Riverdale, série créée par Roberto Aguirre-Sacasa. Riverdale est une petite ville tranquille où vivent paisiblement Archie, Betty et Jughead. L’arrivée de la jeune Veronica mais surtout la découverte du cadavre d’un lycéen disparut vont bouleverser à jamais cette petite ville.

Quand j’ai commencé à regarder, les personnages m’étaient étonnamment familiers. Ils sont issus d’une série de comics datant des années 40 et ont  réapparu grâce à un dessin animé des années 2000 : Archie mystère et compagnie. Si je n’ai jamais eu un des comics Archie sous les yeux, je me souviens très bien du générique du dessin animé.

Globalement, la série est franchement sympa. Le rythme est bon, il y a du suspense. Du côté des personnages adultes, c’est un peu manichéen et certains personnages du genre Fred Andrews, le gentil papa vertueux (ou presque), sont un peu limités. Niveau ados, on reste dans le registre de la peau impeccable et de l’acteur un peu plus âgé que le rôle. La difficulté évidente était d’adapter les personnages franchement caricaturaux et les scénaristes s’en sont plutôt bien sortis, avec néanmoins deux-trois bémols.

Archie est bien adapté, c’est un ado ordinaire, autocentré, gaffeur et fonceur surtout quand il part en vrille. Bref, plutôt bon boulot même s’il reste le petit américain modèle ce qui peut le rendre parfois détestable. Jughead aussi a bien réussi le passage comics/série : il est moderne, on peut s’identifier à lui, même si les scénaristes ont tendance à jouer un peu trop sur son côté « torturé ». SPOILERS : dans la saison deux, il intègre un gang de motards auparavant dirigé par son père. Franchement, il est aussi crédible en bickers que moi en présidente de SAMCRO dans Sons Of Anarchy.

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Un exemple de biker crédible

Du côté des filles, c’est plus mitigé. Betty reste la petite américaine modèle en dépit d’une part d’ombre que j’aimerais voir plus souvent (oui, c’est mon personnage préféré et de loin). Quand à Veronica, on dirait une version sympathique de Blair Wardolf. C’est-à-dire : l’héritière richissime tête à baffe qui est capable de se balader au lycée en petite robe mondaine genre je-prend-le-thé-avec-Elisabeth-II et un collier de perles. Un collier de perles. Niveau crédibilité, ce n’est pas formidable. Mais le talent des actrices nous permet de nous attacher à elles et les scénaristes ont l’intelligence de les éloigner de temps en temps de leurs archétypes respectifs. Cheryl Blossom, garce de référence, a elle, droit à une véritable évolution entre la saison 1 et la saison 2 ce qui souligne les capacités des scénaristes.  J’attends donc la fin de la saison 2 pour rendre mon verdict sur le chemin parcouru par Betty et Veronica.   

Globalement, le verdict est en demi-teinte mais ici le côté surpuissant des ados vis-à-vis des adultes est un peu poussé. Les héros sont quand même trois fois plus efficaces que le shérif local. Je suis également soulagée qu’on ne nous ait pas infligé trop longtemps le triangle amoureux Betty-Archie-Veronica. Je sais que c’est un élément incontournable de la série, mais il n’empêche qu’en comics, dessin animé ou série, ça ne fonctionne pas.

Bref, même avec deux-trois bémols, Riverdale propose quelque chose de franchement sympathique si on n’est pas trop maniaque. En revanche, il y a des séries qui forcent VRAIMENT le trait au point de me hérisser le poil. La dernière en date est une monstruosité signée Giora Chamizer et Paula Yoo, j’ai nommé Greenhouse Academy.

ob_41e663_proxyCertains pourraient me dire que n’étant pas le jeune public cible, je suis peut-être un peu trop dure. J’estime que créer une série pour les jeunes n’est pas une excuse pour sortir quelque chose d’aussi médiocre. L’histoire est simple : La mère d’Alex  et Haley est une célèbre chercheuse, sélectionnée pour un programme spatial. Malheureusement la navette explose. Quelques années plus tard, ils intègrent une prestigieuse académie où deux dortoirs s’affrontent : les intellos contre les sportifs.

Chaque personnage est un cliché ambulant : de la rebelle finalement sympa au geek pas très doué pour se faire des amis en passent par le sportif qui dissimule une blessure. Le triangle amoureux est amené avec une subtilité de char Leclerc dans une boutique Swarovsky, quant au couple formé par la rebelle Hayley et le rockeur en herbe… rien que d’y penser me fiche la nausée. Il n’y a aucune évolution, aucune originalité : RIEN. Les personnages ne sont pas vraiment servis par le scénario. Un affrontement entre bons élèves et sportifs ? Même Disney Chanel n’aurait pas osé. Entre l’ado qui pirate un satellite de la NASA, un cours dispensé aux élèves « intello » autour de la question : associez un adjectif à un personnage de Toy Story et surtout une vente de cupcakes qui se termine, afin d’obtenir un don d’une créatrice de mode, par un défilé improvisé où les élèves portent des vêtements qui soulignent le cliché auquel ils correspondent, je n’ai pas eu une minute de répit, un petit oasis de qualité dans ce marasme.

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Ma tête au fur et à mesure de la série.

Dans ce panel, on voit que certains traits reviennent : une peau immaculée, des acteurs parfois un peu plus âgés et surtout des personnages aux capacités hors du commun. Je comprends que les personnages doivent être capables de vivre des aventures extraordinaires pour nous captiver, mais certains poussent l’idée un peu trop loin. Je trouve également dommage que plus la tranche d’âge de l’auditoire baisse, moins on trouve de personnages nuancés. Simplifier pour être la portée du public ok, mais on n’est pas obligé de tomber au niveau Oui-Oui du manichéisme. En tout cas on a fait du chemin depuis Dawson pour enfin obtenir des ados qui parlent comme des ados !

Sur ce je m’en retourne dans mon nid et vous dit à bientôt !

Miss Jack


En-tête : Archie & Betty. Riverdale, saison 1. Photo Allociné. © CW

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