Dimanche, la troupe des Framboisiers a fait vivre une dernière fois l’histoire de Sapphô de Mytilène. « Sapphô, première des lesbiennes », mise en scène par Imago des Framboisiers, raconte la vie de la poétesse grecque avec un regard plein d’humanité.
Les lumières s’éteignent et soudain, le Cercle de Sapphô de Mytilène s’installe à Paris. Inspirée de la vie de la poétesse, la pièce raconte une version particulière de son histoire. Ne conservant que les faits historiques et établis, Imago choisit de se distancer du mythe pour en proposer une nouvelle vision.

Sapphô © J. Camiade
Au VIème siècle avant Jésus-Christ, Sapphô est à la tête d’un cercle de poésie sur l’île grecque de Lesbos. Celui-ci rassemble les femmes les plus raffinées de son île, auxquelles la poétesse enseigne les arts lyriques et les joies de l’amour. Si elles sont nombreuses à avoir partagé son cœur, l’une d’entre elles, Atthis, l’a conquis.
Mais celle dont les desseins dépassent le Cercle décide finalement de la quitter, laissant Sapphô rongée par la peine. Tant et si bien qu’elle ne remarque pas l’arrivée des Bacchantes d’Urcydie, qui lui raviront Atthis. Après l’intervention d’Athéna, Sapphô, accompagnée de sa plus fidèle disciple Domophyla et d’Alcée, se lance dans une quête ambitieuse et passionnée : la retrouver.
Passions atemporelles
Côté mythologie grecque et théâtre, je gravite au niveau débutant, avec les préjugés que cela peut comporter. Malgré tout, je suis sortie de la représentation avec un pincement au cœur. Celui que vous transmet la passion qui porte la troupe et qui anime Sapphô. Stella Pueyo, qui prête ses traits à la poétesse, a su donner au personnage toute l’élégance et la fougue dont elle semble avoir fait preuve. Et ses disciples ne sont pas en reste.
Qu’il s’agisse d’Aline Bérenguer, incarnant la lointaine Atthis, ou de Charlie Morgane, donnant vie à l’esprit aiguisé de Damophylia, toutes deux offrent à ces personnages historiques un visage puissant et bien vivant. L’ambiguïté d’une Atthis soufflant le chaud et le froid est rendue avec beaucoup d’authenticité. Quant à Damophylia, on lit dans ses yeux une détermination brûlante et une loyauté émouvante envers Sapphô.
La force de ces liens et l’universalité des thèmes abordés participent au dynamisme de la pièce. L’amitié sans faille d’Alcée, incarnée par Pierre du Gondor, les amours contrariés de Damophylia ou la passion aveuglante de Sapphô sont autant de conflits qui peuvent créer des ponts avec le public. Sans oublier toute la fougue et la modernité du message d’émancipation transmis par les héroïnes. Si les aventures de Sapphô touchent à leurs fins, la Compagnie des Framboisiers reviendra en avril prochain avec une adaptation du roman d’Oscar Wilde « Le Portrait de Dorian Gray ».