Fable urbaine

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Cinéma

Le court-métrage « Le Fantôme », réalisé par Jhon Rachid et Antoine Barillot est sorti sur la Toile le 24 avril dernier. Soutenu par la 3è Scène de l’Opéra de Paris, il représente une relecture percutante et décalée du « Fantôme de l’Opéra ».

Sofiane s’est lancé dans une quête un peu incertaine : retrouver le bras-droit de son père lors de leur dernier braquage. Il remonte d’abord sa trace jusqu’à une cité parisienne, avant d’être aiguillé par un dealer de perroquet (si si, je vous promets). En partant d’une planque, Sofiane va atterrir, un peu surpris, au Palais Garnier. Sa cible, Rani, incarné par Youssef Hajdi, s’y est installé après le braquage fâcheux sous le masque du Fantôme de l’Opéra. Une hypothèse qui ne figurait pas franchement parmi ses pistes.

La preuve par l’absurde

le fantôme

« Le Fantôme de l’Opéra » rentre à mes yeux dans la catégorie des figures un peu dramatiques. Plutôt du genre héros torturés ou de sujet de chansons d’amours compliqués. Ce fantôme-ci est plutôt à cheval entre gravité et humour absurde. D’ailleurs, il n’est pas uniquement un amant au bout du rouleau. C’est aussi un homme coincé, par son passé, par la société et l’avenir qu’elle lui promets. Et plutôt de produire une leçon de morale, l’équipe a préféré jouer sur un esprit décalé.

J’en veux pour preuve Jean-Baptiste Maunier (mais, si !), dans le justaucorps d’un danseur snob et franchement raciste, hurlant à l’invasion d’arabes dans l’Opéra. Ou encore la séance de shopping du héros, incarné par Jhon Rachid, dans les salles du Palais Garnier. Si dans l’absolu ces scènes font rire, elle viennent surtout souligner la distance qui séparent les hautes-sphères de la culture des banlieues parisiennes. Non content de détendre l’atmosphère, elles participent à transformer le court-métrage en fable urbaine et à créer un pont contre l’entre-soi.

Scrooge à l’Opéra

La relation entre les deux héros est terriblement touchante. Rani, c’est l’ancien. Il est plus âgé, cabossé et désenchanté par la vie qu’il a mené, la réalité qu’il a croisé. Il ne croit pas vraiment aux miracles. Face à lui, Sofiane a encore une certaine fougue, une envie de se défendre et d’avancer. Ils se complètent autant qu’ils se répondent. Rani lui fait découvrir sa vie, son monde et Sofiane va le faire bouger. Lui montrer qu’il n’est pas obliger d’accepter la fatalité. Il n’est pas question de licornes ou d’arcs-en-ciel mais plutôt d’un bon pied dans le plat. C’est beau, vaguement poétique sans être niais ni fataliste.

@aleksduncan

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