Dans « Les Mangeurs d’argile » de Peter Farris, tout commence par une chute. Un banal accident, en apparence, mais si les choses étaient ce qu’elles semblent être, il n’y aurait pas d’histoire, n’est-ce pas ?
Cette chute, c’est celle de Richie Pelham, un chasseur confirmé qui souhaitait construire un abri de chasse pour les quatorze ans de son fils Jessie. Le jeune garçon se retrouve donc avec pour toute famille sa demi-sœur Abbie-Lee, son étrange belle-mère Grace et le frère de cette dernière, Carroll, un prédicateur populaire dans la région et des plus inquiétants. En effet, il semble déterminé, avec la complicité de sa sœur, à mettre la main sur la propriété de Richie Pelham. Et surtout sur les réserves de Kaolin qu’il renferme.
Heureusement, face à ce rapace et à ses complices, Jessie va pouvoir compter sur une aide inattendue, celle d’un vagabond rencontré sur la propriété de son père. Cet homme répondant au nom de Billy est en réalité un vétéran de la guerre en Irak et un fugitif depuis un attentat contre un bâtiment fédéral. Surtout, il a vu quelqu’un saboter l’échelle du haut de laquelle Richie Pelham est tombé. Grâce à lui, Jessie, armé de son seul courage et de sa volonté, va devoir faire face au danger et affronter les adultes qui l’entourent.
Ce livre est arrivé sur mon chemin avec une certaine brusquerie. On me l’a mis dans les mains avec cet ordre « Lis-le ». C’est une manière comme une autre de recommander un livre. D’ailleurs, j’ai obéi puisque je vous en parle.
La première chose qui m’a plu dans ce livre, c’est le décor. Ces vastes étendues américaines, qui semblent parfois se refermer sur le héros m’ont fascinée. J’ai vraiment eu l’impression de voyager, de quitter mon bureau pour me retrouver baignée dans la moiteur de l’état de Géorgie.
Je me suis très vite attachée au personnage de Jessie, cet adolescent débrouillard et peu bavard. J’ai tremblé pour sa vie du début à la fin du livre en le voyant entouré par tant de convoitise et de dangers. Pour ce qui est des méchants, l’auteur nous gâte. On a non seulement un shérif littéralement pourri jusqu’au trognon, une belle-mère dont on ne sait jamais vraiment s’il faut la plaindre ou en avoir peur, mais surtout un prédicateur manipulateur et charismatique qui a un petit air lointain de Robert Mitchum dans la nuit du chasseur. Les personnages de religieux malintentionnés (vrais ou faux) m’ont toujours littéralement terrorisée et celui-là est allé rejoindre la liste de mes cauchemars.
L’allié de Jessie n’est pas des plus rassurant. Plus on en apprend sur le mystérieux Billy et surtout sur ce qu’il est capable de faire, plus on se pose des questions à son sujet. Les tourments qui le hantent réussissent à le rendre plutôt attachant et en font un des personnages les plus complexes de ce livre qui n’en manque pourtant pas. L’aide qu’il apporte à Jessie va se transformer petit à petit en un chemin vers une sorte de rédemption et j’ai apprécié le voir évoluer.
L’écriture de l’auteur est sans fioriture et parvient à nous plonger dans ce récit palpitant avec beaucoup de facilité. On sentirait presque suinter à travers les pages la méchanceté des adultes qui entourent le jeune Jessie. On se sent étouffer dans cette chaleur humide du sud des États-Unis et oppressé par le poids du destin qui menace à tout moment de s’abattre sur le héros.
Une écriture de qualité, des personnages attachants ou répugnants, une intrigue palpitante, que demander de plus ?
Je vous recommande chaudement cet ouvrage avec lequel j’ai passé un excellent moment et qui m’a donné envie non seulement de découvrir l’auteur mais également l’éditeur !
Sur ce, je vous souhaite une bonne lecture !
Miss Jack
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