Je sens ma gorge se serrer. Une case de plus, et je vais me mettre à pleurer en plein milieu du wagon. Ce qui n’est pas dans mes plans. J’ai probablement refermé le livre un peu brutalement, à en croire le coup d’œil que jette ma voisine. Tant pis, Mariko et Tomoyo attendront que je sois plus tranquille.
“My Broken Mariko” est un trigger à lui tout seul. Conçu par Waka Hirako, ce manga aborde coup sur coup la mort, le suicide, les violences familiales, les violence conjugales et le viol. La lecture a quelque chose du virage pris beaucoup trop vite, de la descente de montagne-russe trop violente, qu’on arrêterait pourtant pour rien au monde.
Tout commence lorsque Tomoyo déjeune rapidement avant un dernier rendez-vous. À la télévision, les informations évoque un fait divers : une jeune femme est retrouvée morte après avoir fait une chute du troisième étage. Il s’agit de Mariko Ikagawa, la meilleure amie de Tomoyo, qui s’est suicidée.
Autant vous dire que Waka Hirako frappe vite et fort, avant de dérouler la terrible vie de Mariko et la relation à la fois extraordinaire et inquiétante entre les deux jeunes femmes. Les cases suivent Tomoyo, déterminée à récupérer l’urne funéraire où repose son amie pour la sauver des griffes d’un père abusif et violent pour de bon.
Les pages se tournent et les doigts s’agrippent à la couverture. Vous dire que ce manga m’a fait pleurer serait un euphémisme. Il m’a attrapé aux tripes. Sa mangaka ne vous épargne pas : la violence est visible, la douleur des héroïnes est intense et les sentiments sont profonds.
Le plus fascinant étant que, malgré tout cela, Waka Hirako parvient à instiller une once d’espoir. Bienvenue dans les indéboulonnables de ma bibliothèque, mesdames.
Aleksandra