“De chair et de papier” : la faille des Farnell

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Lectures

« De chair et de papier » est la première publication de Fabienne Berganz, par ailleurs traductrice de romans et de campagnes de jeux de rôle. Cette nouvelle fantastique, parue chez Reines de Coeur, met en scène Myriam Farnell. Vivant isolée dans un manoir en compagnie de ses tantes et de sa mère, elle va faire dans les jardins une rencontre étrange. Après lecture, une question subsiste : qui du bâtiment ou des Farnell est vraiment hanté ?


C’est dans un manoir installé dans le fond du Limousin que sont venues s’installer les Farnell. La jeune Myriam cohabite ainsi avec ses tantes, Lady Marylou et Lady Sophie, et sa mère, Lady Elisabeth. Les interactions avec elle sont toutefois limitées, car elle reste enfermée dans une chambre, atteinte d’un mal confus.

Pas question pour les Farnell de passer les grilles de la propriété, même si Myriam en rêve. Le progrès n’y est pas non plus le bienvenu. Moralité, la jeune fille passe sa vie entre balades, rêveries sur fond de contes des « 1001 Nuits » et éducation très contrôlée. Elle est même soigneusement restreinte par l’insupportable Marylou – ce qui n’empêche pas sa nièce de faire preuve d’une désobéissance olympique. C’est lors d’une balade sur le terrain autour du manoir que Myriam aperçoit Elise, qui va bouleverser l’équilibre précaire des Farnell.

Mille et un mystères

Des personnages tourmentés enfermés dans un manoir : les ingrédients d’une recette fantastico-gothique qui a tout pour me plaire. Ici, je m’attendais peut-être à 10 % de ce que j’ai lu, et tant mieux ! Fabienne Berganz apporte quelques changements à cette fameuse recette, qui tiennent le lectorat en haleine. L’articulation du récit, qui alyerne entre le point de vue de Myriam et celui d’Howard, le majordome, permet de rassembler des indices sur le passé et la situation de ces femmes. Et elle est encore plus complexe qu’il n’y paraît.

L’élément central dans cette progression à travers le brouillard est la rencontre avec Elise. Difficile de déterminer ce qu’elle est réellement, d’ailleurs. L’autrice laisse planer un doute, et c’est pour le mieux. Elise devient un élément central de la vie plutôt morne de Myriam. Elle la perturbe, l’attire et l’interroge sur plusieurs points. Elle est révélatrice, tant pour l’héroïne que pour ses lecteurs.

Parmi les surprises se trouve l’épilogue. S’il m’a d’abord interloqué, il est très efficace et a mis un KO technique à ma théorie. Cette nouvelle tient autant de l’énigme que du fantastique. C’est une lecture à tenter si vous êtes fans de littérature gothique et en quête de nouveauté.

Aleksandra Duncan

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Publié par

Créatrice et rédactrice sur Ilmi' Mag. Passionnée de musiques un peu bruyantes, dame à chat et MacGyver en formation éternelle.

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