J’ai (au moins) une habitude nulle : je mets un siècle à me décider à faire les choses. Et c’est comme ça pour tout ! Cas pratique : j’ai mis des semaines à aller emprunter un manga que j’avais repéré à bibliothèque. Un interrupteur grippé, certainement… Ce livre, c’est le premier tome d’Ocean Rush, un shojo de John Tarachine, publié chez Akata. Au centre de cette histoire se trouve Umiko, une femme de 65 ans, veuve et grande fan de cinéma.
Lorsque nous rencontrons Umiko Chino, c’est chez elle, entre deux tâches ménagères. Umiko est veuve depuis peu, vit au jours le jour et semble se satisfaire de sa routine. Notre héroïne va toutefois l’envoyer valser par accident en allant au cinéma à l’improviste. Dans la salle, Umiko rencontre un étudiant en cinéma d’une fac voisine, Kai. Le jeune homme provoque chez elle une réflexion qui l’amène à se pencher sur une passion : le cinéma. Oui, Umiko aimerait devenir réalisatrice de film. Mais pour y arriver, elle va devoir ouvrir un nouveau chapitre : l’université à 65 ans.
Routine et rêve
L’ingrédient qui a mis en valeur « Ocean Rush », c’est son personnage principal. J’ai encore peu lu d’histoires autour de cette partie de la vie et de la capacité à s’y réaliser. Suivre un personnage qui décide de se réinventer et qui se met au défi m’a fait du bien. Et puis le rapport d’Umiko à la routine est intéressant. C’est tantôt une sécurité, qu’elle partage volontiers, tantôt un frein auquel elle s’accroche avant de devoir sauter dans le vide.
J’ai été très touchée par le discours mental d’Umiko, qui joue beaucoup de l’auto-dépréciation pour réduire son envergure. C’est intéressant de voir comment elle assume et démonte ses mécanismes de défense ou de protection.
Ce premier tome dessine aussi les prémices d’une belle amitié entre Umiko et Kai. Il pose également des bases quant aux relations avec les différents personnages. Et ici, on aime bien les artistes qui s’occupent bien des personnages secondaires ! En bref, l’ensemble donne envie d’aller plus loin, et de rattraper les cinq autres tomes déjà sortis. Ocean Rush est en cours de publication.
Passer le cap
Cette lecture vient par ailleurs alimenter une réflexion personnelle. J’ai ressenti une petite pression à l’idée de ne pas avoir atteint certains objectifs avant un âge donné (coucou les 30 ans). Après quelques acrobaties mentales, j’en suis venue à un constat : puisque ma montre continue à avancer, rien ne m’empêche d’en faire autant. Le mantra est encore en phase de test, mais il peut servir sur différents sujets !
Aleksandra Duncan