Jâai commencĂ© Ă lire la mangaka Daruma Matsuura en 2024 et, avec elle, retrouvĂ© une ancienne passion. JâespĂ©rais bien me reconnecter avec le manga et, grĂące Ă elle, câest plutĂŽt bien parti. AprĂšs « Le Son des Morts », laissez-moi vous parlez de « La Danse du Soleil et de la Lune », dont jâai lu le premier tome. Ce seinen, en sept volumes, suit un samouraĂŻ Ă la dĂ©rive, a priori maudit, et sa rencontre avec ce qui pourrait bien ressembler Ă un son ange-gardien.
La vie de Konosuke nâa pas grand chose dâagrĂ©able. Bien quâaccompagnĂ© dâOtokichi, il vit isolĂ© et dans un certain dĂ©nuement. Pourtant, lâhomme est hĂ©ritier dâun clan de samouraĂŻ, les Ryudo. Sauf qu’il lui est impossible de toucher du doigts la plus petite chose mĂ©tallique. Les lames se plient et les rasoirs le fuient. Pour sâen sortir, Konosuke Ryudo sâest armĂ© dâun sabre en bambou – ce qui fait rire le voisinage. On le dit donc peureux face au combat. Outre les moqueries, il est aussi l’objet de rejet. Dâautant quâil porte malgrĂ© lui un air nĂ©gligĂ©, stigmate supplĂ©mentaire sâil en fallait.
Konosuke est Ă©puisĂ© de cette vie quâil nâarrive pas Ă mener selon les valeurs des samouraĂŻs. Il va alors provoquer une altercation dans la rue, avec lâobjectif dâen finir dignement : au combat. Battu et jetĂ© Ă lâeau, il pense y ĂȘtre parvenu avant de sentir une prĂ©sence et… De se rĂ©veiller chez lui, bien vivant. Un peu perdu, notre homme trouve Ă sa porte Ă un vieillard porteur dâun message : Tsuki, une femme de haut-rang, et qui se rĂ©vĂšle dâune grande beautĂ©, lui fait une proposition de mariage.
la recette miracle ?
Vous lâaurez dĂ©duit du rĂ©sumĂ©, Daruma Matsuura prĂ©sente lĂ encore un personnage usĂ©, chez lequel se croise dĂ©pression, suicide, isolement et une dose de harcĂšlement. AprĂšs avoir lu « Le Son des Morts » et commencĂ© cette sĂ©rie, jâai lâimpression de repĂ©rer une recette : un personnage en souffrance et une dimension surnaturelle qui vient (peut-ĂȘtre ?) le soutenir. Outre ces deux mangas, Daruma Matsuura est aussi Ă lâorigine de « Kasane la voleuse de visage » et du roman « Izana ». Les Ă©vĂ©nements que raconte ce dernier interviennent avant lâhistoire proposĂ©e dans « Kasane ». Et de ce que jâai lu, on nâest pas sur des hĂ©roĂŻnes en grande forme non plus !
« La Danse du Soleil et de la Lune » est publiĂ© en France chez Ki-oon et les sept volumes sont disponibles dans sa collection seinen. La sĂ©rie est laurĂ©ate du Prix Yomu pour la saison 2022-2023. Cette distinction est une crĂ©ation de lâagglomĂ©ration Etampes-Sud Essonne en 2021. Une dizaine de manga concourent Ă chaque Ă©dition.
Double lecture
Câest peut-ĂȘtre un peu bateau, mais jâaime beaucoup le trait de cette mangaka, et Ă quel point elle diffĂ©rencie ses personnages. La façon dont ils sont reprĂ©sentĂ©s racontent sa propre histoire. Le personnage de Konosuke est fourbu et usĂ© quand Tsuki est dessinĂ©e comme une figure dĂ©licate et effectivement dâune grande beautĂ©. Les yeux qui lui sont faits sont d’ailleurs magnifiques. Sa personnalitĂ© solaire est renforcĂ©e par le dessin. Quant Ă son histoire personnelle, elle est volontairement plus flou, pour arriver Ă une fin de tome Ă faire hurler de rage – parce que je nâavais pas empruntĂ© le deuxiĂšme tome, quâon se comprenne bien !
Ă lâinverse, on apprend Ă connaĂźtre Konosuke au travers de flashbacks. Sâil est dâabord dĂ©terminĂ© Ă faire partir Tsuki, on observe des changements de comportements progressifs et touchants. Il ne sâagit pas dâun amour fou au premier regard, mais dâun avancement bien plus crĂ©dible. Non, moi non plus, je ne serais pas sereine face Ă une demande en mariage sortie de nul part et concernant une inconnue ! MoralitĂ©, je compte bien lire la suite, mĂȘme si lâidĂ©e ne sâaccorde pas avec ma directive de me concentrer sur ma pile Ă lireâŠ
Aleks Duncan
"La Danse du Soleil et de la Lune" (Tome 1)
Daruma Matsuura
Ăditions Ki-oon (collection Seinen)
