En-tête créée pour l'article "La Poésie de la gifle", avec la couverture du livre "Clichés de femmes", de Julie de Waroquier.

La Poésie de la gifle

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Photographie

Dans « Clichés de femmes », la photographe Julie de Waroquier rassemble les réflexions de quarante des plus célèbres penseurs sur le thème de la féminité. Et permettez-moi de vous dire que nombreuses sont celles qui font tousser.

Entre ce livre et moi, il y a une relation intense. Presque violente. Il a manqué de passer par la fenêtre de chez moi (et j’habite au 7è étage) ou d’atterrir sur les rails du métro (le long de la ligne 13, on m’en aurait voulu). Et le pire, c’est que son auteure n’y est pour rien. Bien au contraire.

Julie de Waroquier est une artiste lyonnaise réputée notamment pour ses clichés où se télescopent, pour le meilleur, réalité et imaginaire. C’est d’ailleurs à travers ces images qui auraient mis par terre Lewis Caroll que je l’ai découverte. Mais si ses photos dénotent le plus souvent d’un romantisme certain, elle viennent cette fois vous taper sur la tête. Et fort.

Dans son dernier projet livresque, la photographe professeure de philosophie (formée à l’ENS, si vous voulez tout savoir) s’est lancée dans la compilation de réflexions sur les femmes des philosophes de l’Antiquité jusqu’au XXè siècle. La plupart des auteurs du bac de philo y figurent donc en bonne place, si je puis dire. Car ils n’y sont pas pour les meilleures raisons. Démonstration :

Une double-page extraite du livre. ©Julie de Waroquier/Atlande

Une double-page extraite du livre. © Julie de Waroquier/Atlande

La photographe réponds donc, avec ses armes, à chacune de leurs déclarations. Les visions poétiques de Julie de Waroquier se font brutales et soulignent tout l’improbable de ces idées, fussent-elles à propos de l’intellect, de l’esthétique ou encore du domestique. Les clichés sont tranchants, face à des propos allant du triste effet d’époque à la misogynie de compétition.

Mais le plus intéressant réside dans le croisement des deux casquettes de l’auteure. Grâce à sa position de professeure de philosophie, son approche gagne en justesse. Son but n’est pas tant de vous pousser à brûler des livres ou à boycotter des auteurs que de fournir une vue d’ensemble. De la vision dont ont souffert et souffrent toujours les femmes, d’abord,  mais aussi de la réflexion des auteurs impliqués, réputés et sur la pile à lire de beaucoup de lycéens cette année encore (vous avez toute ma compassion).

L’artiste, de ses propres mots, ne fournit pas ici un panorama exhaustif mais plutôt des extraits parlants, qui permettent de faire descendre les penseurs des trônes qu’on leur construit. Je serais curieuse de savoir combien d’entre vous ont poussé l’intérêt pour la philosophie au-delà des années bac ou fac. Je m’inscris sans honte dans celle qui a rangé la discipline sur une étagère en même temps que le lycée.

Couverture du livre "Clichés de femmes" de Julie de Waroquier, paru aux éditions Atlande.

Pourtant, j’ai été passionnée par la plupart des auteurs cités, dont j’ai détruis les livres à coups de crayon de papiers, de craquage de tranches (oui, c’est mal, je sais) et d’abréviations au stylo-bille. Et je regrette que mon parcours de l’époque ait contourné, pour des raisons mystérieuses, la question de la féminité.

Parce que ces propos, parfois franchement irritants (Kirkegaard, c’est à toi que je pense), n’enlève rien au reste du travail de ces gens. Ils mériteraient plutôt d’être abordés et contextualisés. Parce que c’est en déboulonnant des idées comme celles relevées dans ce livre qu’on progresse et qu’on prends conscience du chemin parcouru et qui reste à parcourir. Pas spécialement en les contournant.

@aleksduncan

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