La série « Fargo », l’adaptation du comics « The Umbrella Academy » sur Netflix et le jeu « What Remains of Edith Finch » n’ont, a priori, pas grand chose en commun. A l’exception peut-être d’un violon, échappé des partitions de Jeff Russo.
Si vous êtes un.e sérivore du genre de Miss Jack, vous avez certainement déjà entendu la musique de Jeff Russo sans le savoir. Multi-instrumentiste tout droit venu des États-Unis, il s’est fait connaître pour son travail sur la bande originale de « Fargo« , qui lui rapporte un Emmy Award en 2017. Mine de rien, il en est à sa troisième nomination. On le retrouve également dans l’univers de « Star Trek : Discovery« , de « Altered Carbon » ou de « The Umbrella Academy« . Et ce n’est qu’une sélection.
Tendez l’oreille et vous le découvrirez également au cinéma. Il a prêté ses partitions au film électrique « Lizzie« , de Craig Macneill, qui retrace l’histoire de Lizzie Borden, accusée puis acquittée du meurtre de son père et de sa belle-mère. Russo travaille également sur le prochain film de Noah Hawley, « Lucy in the Sky« , qui suit le retour délicat d’une astronaute sur Terre. L’homme fait peu dans les histoires légères mais fait bien.
Un détail final ? Russo a commencé sa carrière musicale à la guitare, dans le groupe de rock Tonic, en 1993, aux côtés d’Emerson Hart, Kevin Shepard et Dan Rotschild. Et ça fleure bon les années 1990, les fins d’épisodes de Charmed et les après-midis à regarder des clips vidéo… Comment ça je suis nostalgique ?
La maison vide
C’est dans les couloirs de la maison d’Edith Finch que j’ai découvertsa musique. A travers elle s’incarnent tous les membres de cette drôle de famille, ayant chacun disparu dans d’étranges circonstances. La difficulté de l’exercice, sur « What remains of Edith Finch », est là. La maison est vide, ses habitants sont morts. Pourtant, l’association de la musique et de l’atmosphère des lieux donne une âme à chacune des pièces. Les violons racontent des années d’une vie, qui pourrait s’être arrêtée hier.
Je ne suis clairement pas musicienne et serais bien incapable de vous parler des arrangements. Mais on retrouve une constante sur chaque bande son travaillée par Russo. Il capture les personnages et s’efforce de traduire leurs conflits, visibles ou non. Le meilleur exemple étant certainement Vanya, la Numéro 7 de « The Umbrella Academy ».
Vanya, c’est une espèce de canard boîteux aux yeux de sa famille. Elle est dépourvue de pouvoirs et sa vie sociale est réduite au minimum. C’est une jeune femme à première vue terne et renfermée, qui s’exprime difficilement. Sauf au violon, qui est l’instrument signature de Russo, à mes oreilles. En l’occurence, celui de l’héroïne est mélancolique, en forme de sanglot. Il traduit avec beaucoup de finesse tout son parcours, de l’espoir à la rage, et gagne en puissance avec elle. Ce violon parle et crie à sa place. Et c’est peut-être ce qui rend la musique de Russo aussi touchante. Il arrive à exprimer ce qu’on ne voit parfois pas.