Un Monstre bien caché

Laisser un commentaire
Jeux vidéo

Ça faisait déjà un moment que « Lydia » trustait la première place de ma wishlist sur Steam. Crée par le studio finlandais Platonic Partnership, basé à Vaasa, il aborde à travers les yeux d’une petite fille les problèmes d’addictions et leurs conséquences.

Derrière l’univers de Lydia se cachent Jussi Louikiainen, Juhana Lehtiniemi et Henri Tervapuro. Ensemble, ils se qualifient de « magiciens numériques » (oui, qu’on se le dise, ‘digital’, ça ne marche pas pour ça en français !). Leur crédo, les jeux narratifs sur le modèle de l’illustration, ceux en réalité augmentée ou en réalité virtuelle. S’ils sont attendus cette année avec « King of Peasants« , ils se sont fait connaître, en 2017, grâce à Lydia et son étrange Teddy.

Ce jeu, qui repartira des Finnish Game Awards avec deux distinctions en 2018, est qualifié par le studio de « visual novel ». Mécaniquement, c’est point & clic, dans un univers franchement glauque. Lydia évolue dans un monde en noir et blanc, à la fois inquiétant et étouffant, dont les rares pointes de couleurs sont aussi peu de bonnes nouvelles. La petite fille, que l’on suit entre sa chambre et le monde de son placard, est terrorisée. Un monstre, quelque part dans la maison, s’en est pris à ses parents. Et il lui faudrait tant bien que mal l’affronter, flanquée de son ours en peluche, mais sa peur lui complique la tâche.

Sensibiliser par le jeu

Le monstre, on le comprend assez vite, n’est autre que l’alcool (voire plus, selon votre lecture) et l’addiction qui a rongé ses parents. L’allégorie se révèle, en chemin, plus ou moins brutalement. Au fur et à mesure des navettes de la petite fille, entre le monde plus ou moins imaginaire de son armoire et sa chambre, les créateurs nous amènent dans des situations assez insoutenables, même pour un jeu à l’esthétique d’un cartoon. Difficile de passer à côté de sa dimension de sensibilisation, qui se révèle efficace. Car le jeu, qui vous occupera une petite heure, n’adoucit pas grand chose.

 

Ce diaporama nécessite JavaScript.

On assiste à des disputes violentes, des discussions horrifiantes et à un accident de voiture. Et je ne vous dis pas dans quel ordre. Non content de montrer les ravages sur les parents, il montre les répercussions à plus ou moins long-terme sur l’entourage. Lydia apparaît ainsi enfant, adolescente puis adulte. Notez que mécène de la version modile, pour le moment uniquement en Finnois, est une boutique finlandaise, Alko, qui possède le monopole de la vente d’alcool en Finlande. Le but la manœuvre, assumé, était d’agir contre les méfaits de l’alcoolisme.

« Lydia » est une création dure, qui montre que le médium jeu vidéo a un potentiel communicatif conséquent, même en dehors des serious game. Je vous déconseille quand même de l’essayer dans un mauvais jour, à moins de vouloir entretenir votre cafard. Et de le prêter aux plus jeunes. Tiercé gagnant : l’atmosphère esthétique est glauque, la musique est angoissante et la narration percutante. Ceci tenant certainement à la part de vécu instillé dans l’histoire.

Parce qu’il faut bien qu’il y ait un mais, il faut que je parle du doublage. Je veux bien croire que le Finnois,  langue au demeurant magnifique, ne soit pas parlé par grand monde. Mais les espèces d’onomatopées prêtées aux personnages deviennent vite insupportables. Particulièrement dans le cas de la mère, qui a une palette assez réduite. Quitte à avoir recours à un doublage (le texte apparaît également à l’écran, au moins en Français), laisser les phrases originales auraient été aussi bien.

A côté de ça, l’utilisation de l’imagination enfantine est faite avec beaucoup de finesse, et navigue très rapidement entre légèreté et malaise extrême. J’ai d’ailleurs encore de gros soupçons sur la loyauté de l’ours. Parce que, vous vous en fichez vous, mais j’ai quand même au bureau un ours violet, assis sur une étagère, qui me regarde avec un drôle d’air…

@aleksduncan

"Lydia" est disponible sur PC/Mac (Steam), Android et IOS. 
La version mobile est actuellement en Finnois.

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.