Mes lectures sont souvent le fruit du hasard. J’aime piocher à l’aveugle sur les rayons des bibliothèques et faire confiance à la chance. C’est comme ça que le premier Cédric Sire, « Vindicta », est arrivé entre mes mains. D’ailleurs cette lecture m’a plu et m’a donné envie de découvrir l’auteur avant sa mue, Sire Cédric, maître du polar fantastique. J’ai commencé par lire « Avec tes yeux », dont j’ai apprécié l’intrigue, mais qui ne m’a pas entièrement convaincue. Je me suis ensuite tournée vers les aventures de son héroïne récurrente, Eva Svärta, avec l’ouvrage “ Le Premier sang”.
Comme j’ai pioché au hasard, il ne s’agit pas de la première aventure d’Eva, mais de la deuxième. Fort heureusement, Sire Cédric parvient avec talent à raccrocher les wagons et à nous présenter son héroïne et son passé difficile sans pour autant lasser le lecteur connaisseur. Il s’agit de petites précisions subtiles et rapides ici et là. Ceci étant dit, je recommanderai tout de même de commencer par le début, afin de découvrir petit à petit le passé difficile de l’héroïne.
L’enquête du “Premier Sang” s’ouvre sur une scène de dîner paisible, en couple, dans un pavillon de banlieue. Pendant le dîner, sans crier gare, Madeleine, l’épouse, se met soudainement à saigner. A la grande surprise de son mari, sa joue se transforme petit à petit en une plaie béante.
De son côté, Eva Svärta est en planque avec son collègue, le lieutenant Leroy, quand l’appartement d’un dealer est incendié. Dans les décombres, ils retrouvent un cadavre atrocement mutilé, dont les stigmates laissent supposer qu’il ne s’agissait pas d’un simple règlement de compte. Une autre découverte macabre achèvera de faire basculer cette enquête dans l’horreur. Eva Svärta va devoir se confronter aux recoins les plus sombres de l’âme humaine si elle veut découvrir la vérité, malgré certains collègues et supérieurs réticents ou hostiles. Elle va également devoir faire face aux sentiments qu’elle éprouve pour Alexandre Vauvert, policier lui aussi.
Un rythme soutenu et des personnages imparfaits
J’ai retrouvé avec plaisir le style extrêmement visuel de Sire Cédric, qui démarre son roman en fanfare avec une scène de dîner qui tourne au cauchemar des plus marquantes. Le reste du roman est au diapason de cette ouverture dramatique : haletant. L’auteur maîtrise son rythme et ne laisse que peu d’instants de répits entre les différentes découvertes et confrontations. La tension ne cesse de monter jusqu’à la confrontation finale, qui ne laissera personne de marbre, et une résolution qui laisse planer une plaisante impression de danger…
Au fil de l’intrigue, l’auteur jongle avec aisance entre l’enquête et les flashbacks sans jamais perdre son lecteur. Néanmoins, certaines révélations donnent l’impression quelque peu frustrante d’en savoir plus que les enquêteurs et d’attendre qu’ils comprennent. Par ailleurs, l’auteur dose savamment intrigue et approfondissement de ses personnages : si on en apprend plus sur le passé de l’héroïne, cela ne prend pas le pas sur l’enquête principale. L’intrigue en elle-même est solide et bascule petit à petit du polar au fantastique au gré des diverses révélations.
Les personnages d’Eva et Alexandre sont attachants et charismatiques. On tremble vite face aux dangers auxquels ils sont exposés et j’ai apprécié découvrir leurs conflits intérieurs, leurs démons. Là encore, petit bémol, toute l’attention portée aux héros est parfois au détriment des personnages secondaires. Même si un ou deux sortent du lot, la plupart se confond en une sorte de masse indéterminée.
En conclusion, et en dépit de bémols mineurs, une intrigue rondement menée et un ouvrage dans lequel on retrouve tous les éléments qui firent la renommée de Sire Cédric, à présent Cédric Sire.
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Bonne lecture
Miss Jack