« Porcelaine sous les ruines » : une lecture nuancée

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Lectures

Quelle est la différence entre une critique et un avis ? Vous avez quatre heures. Non, je plaisante, mais c’est la question que je me suis posée en sortant de ma lecture de « Porcelaine sous les ruines », d’Ada Vivalda. Pourquoi me suis-je retrouvée dans un tel état de perplexité ? 


Revenons-en au début de cette histoire. Car oui, il y a une petite histoire et je préfère commencer par le début. Il y a quelques mois à présent, je faisais des repérages dans une grande surface culturelle bien connue, histoire de zieuter les nouveautés, quand je suis tombée sur ce livre. La quatrième m’a parue prometteuse et, en lisant la courte biographie de l’autrice, je n’ai pu m’empêcher de me demander qui osait ainsi mener la vie dont je rêvais.

C’est en menant des petites recherches sur cette autrice que j’ai découvert son roman précédent, écrit sous le nom de Chris Vuklisevic : “Du thé pour les fantômes”. J’ai adoré ce roman : Je l’ai trouvé beau, émouvant, surprenant, original, un vrai coup de cœur. C’est pourquoi je suis revenue vers “Porcelaine sous les ruines », avec l’assurance de passer un bon moment de lecture et de retrouver une plume que j’apprécie.  

Dans ce roman, nous suivons les aventures d’Alba. Elle a été bannie par les génies à vivre sur terre parmi les mortels pour avoir exaucé trop de vœux aux humains. Alba est devenue Lady Withmore, la gardienne de l’archipel d’Hibernia, autrefois connu sous le nom d’Irlande. Elle doit faire face à la convoitise de Cymru, le puissant archipel voisin qui convoite ses terres fertiles. Afin de traiter avec elle, le conseil de Cymru envoie un jeune homme ambitieux plein de ressources, répondant au nom de Lethan Alcor. Leur rencontre va faire des étincelles…

Une belle lecture

J’ai effectivement retrouvé avec plaisir la plume de l’autrice et son style, à la fois élégant, poétique et très visuel. J’avais vraiment l’impression de voir le roman se dérouler sous mes yeux comme au cinéma. L’univers que l’autrice développe ici est un délicieux mélange de futur, car Ada Vivalda nous présente une terre ayant subi une importante montée des eaux, et de rétro de par certaines technologies et coutumes d’Hibernia. En plus de Lethan et Alba, j’ai découvert autour d’eux une flopée de personnages très intéressants et attachants, chacun à leur manière. Le suspense autour de l’avenir d’Hibernia est très bien dosé et crée une tension qui dure jusqu’aux derniers instants de l’ouvrage.

Vous vous demanderez peut-être, à la lecture de ces éloges, ce qui a pu me laisser si perplexe après la lecture ? Eh bien, je me suis rendue compte que je trouve que le livre est bon, mais pourtant je n’ai pas aimé. Oui, c’est visiblement possible. Je reconnais que le livre est plein de qualités, bien écrit et mérite d’être lu par le plus grand nombre de lecteur.ice.s, et je souhaite à l’autrice une carrière brillante et pleine d’autres livres que je me ferai un plaisir de lire. Il n’empêche que je n’ai pas aimé ce roman. Pourquoi ? 

Sauf qu’il y a un « mais »

Je pense que ce n’est pas un énorme spoiler si je vous parle de la romance entre Alba et Lethan, qui m’a laissée plutôt indifférente. Malheureusement, le roman s’apparentant si j’ai bien compris au genre de la “romantasy”, la romance a une place prépondérante dans l’intrigue (No shit, Sherlock).

Au départ, j’avais déjà du mal avec le personnage d’Alba. Étant donné qu’elle n’est pas humaine et plus vieille de quelques siècles que celles et ceux qui l’entourent, elle a un côté toujours un peu lointain, sensiblement “au-dessus” des autres. Cela cadre parfaitement avec son histoire, mais à cause de cet aspect un peu lisse de sa personnalité je n’ai pas réussi à m’y attacher. 

Sa romance avec Lethan suit le schéma des ennemies to lovers mais j’ai trouvé que la progression manquait un peu de naturel. De plus, j’ai retrouvé dans leur relation un élément qui a tendance à m’irriter beaucoup, même si dans ce contexte il était tout à fait logique : un des points qui intrigue, exaspère et attire Lethan chez Alba, c’est qu’elle lui résiste contrairement aux autres qu’il croise. C’est vraiment le petit ressort d’intrigue qui me fait grincer des dents. À chaque fois. N’appréciant pas plus que ça un des éléments principaux du livre, j’ai par conséquent été moins convaincue. 

Je n’ai pas retrouvé l’originalité que j’avais tant aimé dans “Du thé pour les fantômes », dont l’intrigue se concentrait plutôt sur les liens entre une mère et ses filles. Au fur et à mesure du livre, j’ai trouvé que la romance prenait tant de place qu’elle éclipsait d’autres éléments d’intrigue pourtant très intéressants. À la fin, certaines résolutions m’ont paru un peu rapides, un peu faciles.

Par ailleurs, les personnages secondaires qui gravitent autours des héros n’ont pas été assez développés à mon goût, et semblent surtout là pour commenter ou contempler le rapprochement entre Alba et Lethan. Ce que j’ai regretté. L’autrice a réussi à créer une belle galerie haute en couleurs, j’aurais aimé qu’elle l’exploite plus. Ce reproche peut également s’appliquer à l’univers que propose l’autrice, qui à mon sens semblait si riche et complexe qu’il aurait mérité un peu plus de développement.

De l’importance de la nuance

Malgré ces bémols, je ne peux et ne veux nier que “Porcelaine sous les ruines” est un bon roman. Il est inventif, poétique et agréable. C’est alors que survient à mon secours, telle Zorro sur son fidèle destrier, la nuance entre critique et avis. À mon sens, et d’après les différentes définitions que j’ai pu lire, la critique doit s’appuyer sur des faits, des arguments objectifs ainsi que des critères établis et reconnus qui permettent de juger de la qualité d’un écrit. L’avis en revanche, est plus subjectif et émane de nos goûts, nos sensibilités personnelles.

Alors si vous me demandez une critique, je vous dirais que c’est un roman fort agréable dont j’aurais aimé voir certains aspects plus développés. Je vous le recommanderais. En revanche, si vous voulez mon avis, je vous dirais que cette lecture m’a laissé l’impression d’avoir été au seuil d’un splendide jardin dans lequel je n’arrivais pas à entrer. J’ai été un peu déçue, mais cela ne m’a pas empêchée d’apprécier le paysage. C’est peut-être un poil capillotracté (haha) mais c’est la meilleure image que j’ai trouvé.

C’est sur cette impression en demi-teinte que je vous laisse en vous donnant rendez-vous à ma prochaine lecture. Je m’en retourne dans mon nid.

Portez vous bien,

Theomus

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