Et si je vous disais que la Suisse est une terre de metal ? Rien d’improbable, puisqu’on y rencontre la troupe d’Eluveitie et le groupe Cellar Darling. Derrière ce drôle de nom (qui m’évoque une araignée au plafond) se trouve trois musiciens et leur nouvel album, « The Spell« , sorti vendredi dernier.

Le nom de « Cellar Darling » est évoqué une première fois, en 2013, quand Anna Murphy, chanteuse, flûtiste et joueuse de vielle-à-roue, travaille sur un album solo. Le groupe se formera finalement en 2016, à la suite du départ de Murphy, Ivo Henzi et Merlin Sutter d’Eluveitie. Respectivement guitariste ascendant bassiste et batteur, il viennent compléter ce trio de bardes un brin mystique.

Le groupe se rassemble autour d’une idée, celle de raconter des histoires en musique. Inspirés par les légendes, les contes folkloriques et diverses croyances, ils proposent un premier album, « This is the Sound« , en 2017. Et malgré tous mes espoirs, le nom de « Cellar Darling » n’a rien à voir avec cette fameuse araignée. C’est plutôt une sorte de manifestation de leurs idées. Littéralement, Anna Murphy évoquant le grenier (‘cellar’, en anglais) où se cachaient leurs idées, maintenant libérées, et l’opposition entre les tons doux et plus froids, qui caractérise assez bien leur musique.

Un projet audacieux

Henzi, Murphy & Sutter.

Avec ce nouvel opus, Cellar Darling s’est lancé dans une création complète. Échappé de l’esprit d’Anna Murphy, l’album suit l’histoire d’une jeune fille précipitée dans un monde à la dérive, poussé à bout par ses résidents. Le groupe raconte la quête de cette héroïne anonyme, qui cherche à donner un sens à son existence, et qui va tomber amoureuse de la Mort. Parce que c’est déjà pas assez compliqué sans elle…

A l’heure où l’immatériel s’invite partout, le groupe fait le pari de proposer un véritable objet. L’album s’accompagne d’un livret d’illustrations, réalisées par Costin Chioreanu – qui a officié pour Opeth ou Wardruna, excusez du peu – qui prennent vie dans des clips animés. Plus étonnant encore, le groupe compte proposer un livre audio, auquel la chanteuse a prêté sa voix, afin de raconter d’autres pans de l’histoire de notre jeune fille perdue.

A la frontière des genres

Vous remarquerez que j’évite avec soin la question de l’étiquette. Parce qu’elle ne pose pas vraiment. Le groupe a décidé de faire une jolie tresse de toutes leurs influences pour créer un son un peu à part. Sa dimension folk est incontestable, mais elle se pare de lignes de basses lourdes et d’orchestrations planantes, amenant leur musique à flirter avec les qualificatifs.

Plus que folklorique, la musique de Cellar Darling est naturelle. Des envolées de la guitare à celles de la vielle à roue, elle évoque tantôt des cascades, des tempêtes et montre un lien presque physique à une terre plus ou moins imaginaire.

Empruntant ses riffs exutoires au heavy metal, le groupe propose un album plein d’émotions, en forme de fable. Par un sacré mélange des genres, Cellar Darling vient marcher sur les plates-bandes de la musique médievale, folk et metal en restant résolument moderne.

@aleksduncan