Mais qu’est-ce qui peut bien pousser un énarque à rassembler un représentant de la vieille école qu’on dit largement dépassé, un débutant peinant à trouver du travail, une écrivaine de romans à l’eau de rose et un spécialiste du film d’action aux abois financièrement ?
Ils sont quatre, ils sont scénaristes et surtout, ils sont dans la mélasse jusqu’au coup. Alors quand le responsable d’une chaîne fait appel à eux du fond de leur désespoir, ils n’hésitent pas une seule seconde. Cette chaîne est face à un souci. Le Conseil supérieur de l’audiovisuel lui reproche de ne pas diffuser assez de séries françaises. Afin d’éviter l’amende, les quatre scénaristes ont pour mission de créer la série la moins chère possible utilisant un nombre minimal de personnage et des décors réduits, le tout pour une diffusion à quatre heure du matin.
Le point positif : les scénaristes ont carte blanche pour créer ce qu’ils veulent, étant donné le nombre infinitésimal (merci Achille Talon) de spectateurs visé. Ils décident alors de profiter de cette opportunité pour tout se permettre et imaginer les péripéties les plus farfelues. Tous scénaristes qu’ils sont, aucun ne voit venir la péripétie qui va chambouler le scénario de leurs existences.
Saga est un livre qui fait physiquement du bien. Saga devrait être remboursé par la sécurité sociale, si cela ne menaçait pas d’en élargir le cratère béant. Qui n’a pas rêvé, du fond de sa détresse, se retrouver embarqué dans une aventure qui peu à peu le dépasse, en compagnie d’autres bras cassés ? Vous vous en doutez, pas moi.
J’étais séduite par le livre dès la quatrième de couverture. Je me suis très vite attachée aux personnages. Ces quatre drôles d’individus, tous un peu cabossés, non exempts de défauts et justement si humains et si attachants. Les voir évoluer est un véritable plaisir et il m’est impossible de choisir mon préféré. Le style de l’auteur est très fluide et agréable à lire. On est plongé dans le processus créatif des personnages au point d’avoir véritablement l’impression de faire partie de l’équipe et de contribuer à la naissance de cette série « Saga », dont le cahier des charges tient en trois lignes.
L’auteur réussit à donner de la vie à ces moments de créations, de bouillonnement intérieur. A tel point que j’ai moins apprécié ce qui se passait en dehors de l’élaboration du scénario. Les derniers chapitres m’ont moins convaincue mais le retournement final est absolument magistral. Ce livre est arrivé à un moment où j’avais besoin qu’on me fasse rêver et il s’en est tiré avec panache.
Je vous le recommande avec enthousiasme et j’espère avoir la joie de lire des retours de lecture !
Miss Jack